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Jérôme François, président du directoire de TFF Group: « Nos ambitions à plus long terme sont maintenues » »

Dans un entretien accordé à La lettre de la bourse, Jérôme François, président du directoire de TFF Group, revient sur un exercice 2019-2020 qui a très bien démarré pour le groupe. Les incendies en Australie et les épisodes de gel et de fortes chaleurs qui ont touché l’Europe au printemps et à l’été devraient en revanche impacter l’activité de TFF. Des raisons qui poussent le groupe à être prudent sur l’objectif de chiffre d’affaires.

Crédit : TFF group

La lettre de la Bourse : Quel regard portez-vous sur les comptes du premier semestre ?

Jérôme François : Ils sont plutôt satisfaisants. L’exercice 2019/2020 a démarré sur les chapeaux de roue avec un premier trimestre en très forte croissance de 17% grâce à un décalage de livraisons de fûts dans l’hémisphère sud, notamment en Australie, et une bonne récolte 2019 aux Etats-Unis. L’année s’annonce plus difficile et le deuxième trimestre en porte les stigmates avec en Europe un millésime pénalisé au printemps par des épisodes de gel puis de fortes chaleurs au moment de la récolte. Les estimations sont encore à affiner mais les quantités devraient s’inscrire en recul de 15% en France et en Italie et de 25% en Espagne. Sur le reste du globe, la tendance n’est pas non plus très bonne dans l’hémisphère sud et en Australie en particulier, actuellement ravagé par les incendies où nous réalisons un peu plus de 10% du chiffre d’affaires. Pour l’instant, 1500 hectares de vignobles ont disparu sous les flammes, ce qui n’est pas encore très important puisque cela représente environ 2% à 3% des surfaces viticoles du pays mais les fumées contaminent le raisin sur pied. Raison pour laquelle après une très bonne année 2019, le millésime en cours devrait retomber à des niveaux de 2017 qui avait été un des crus les plus faibles de ces cinquante dernières années avec une production de 250 à 260 millions d’hectolitres.

Comment se comportent vos deux autres marchés que sont le whisky et le bourbon ?

Le segment des alcools brun connaît une solide croissance depuis plusieurs années. Et la tendance va rester favorable. Hors Bourbon, les whiskys devraient continuer de croître de l’ordre de 2% par an. Les producteurs avaient réduit quelque peu leur production en raison d’un environnement plus incertain marqué par le Brexit et les menaces de taxation américaines. Notre chiffre d’affaires dans le whisky a connu une belle progression l’an dernier pour passer de 52 à 55 millions. Nous avons dû réviser en légère baisse notre objectif de l’exercice à 55 millions en raison du décalage de six mois de la mise en production de notre huitième site racheté en Ecosse.

Et dans le Bourbon ? Pouvez-vous faire un point sur votre politique d’investissement ambitieuse ?

Nous avons décidé en 2016 de pénétrer le marché du Bourbon. Il y a peu de points communs entre la fabrication de fûts à vin et de fûts à Bourbon. La sélection de bois n’est pas la même et la production de fûts à Bourbon est beaucoup plus industrielle. Le marché nous intéresse à la fois pour sa croissance régulière de l’ordre de 5% par an et parce que les concurrents avaient peu investi ces dernières années. Il y avait donc des parts de marché à prendre assez facilement et c’est ce que TFF s’efforce de faire. Nous avons déjà investi 125 millions de dollars sur une enveloppe globale de 180 millions budgétée à l’horizon 2023 qui doit nous permettre à terme de doubler notre capacité de production à 750.000-800.000 fûts (contre 350.000 actuellement) en maîtrisant 90% de l’approvisionnement en matières premières pour mieux contrôler la qualité des fûts et nos marges. En peu de temps, nous avons ainsi mis en place un outil de production compétitif de 7 sites dont 5 merranderies et 2 tonnelleries.

La solidité de votre bilan vous confère une importante marge de manœuvre pour saisir des opportunités de croissance externe. Etes-vous à l’affût ? Dans quel domaine ?

Depuis la cotation en Bourse en 1999 de Tonnelleries François Frères, les acquisitions ont toujours représenté un moteur important du développement du groupe avec en moyenne la réalisation d’une opération par an. Mais nous n’avons jamais mené une stratégie pro-active en la matière. C’est davantage nos concurrents qui nous sollicitent dès lors qu’ils veulent vendre, ce qui nous permet de saisir des opportunités dans des conditions financières équilibrées et d’échapper ainsi à une inflation des prix alimentée par l’appétit du Private Equity pour le secteur. Nous restons intéressés par des cibles présentes dans le vin et le whisky sur tous les segments, matières premières, boisage ou tonnelleries. Dans le Bourbon, nous avons, en revanche, fait le choix de nous développer en interne.

Pourriez-vous vous adopter une politique de distribution plus généreuse ?

Elle doit s’apprécier avec le rythme de développement du groupe. Celui-ci est assez soutenu et va le rester avec un objectif de chiffre d’affaires de 350 millions prévu à l’horizon 2023 (contre 271,7 millions l’an dernier). Cette croissance doit être financée longtemps en avance en s’assurant de la maîtrise des matières premières et de leur préparation. Dans le vin par exemple, la société travaille avec quatre ans de matières premières d’avance. Mais il est également important de continuer à moderniser notre outil de production et de financer une opération de croissance externe par an. Nos actionnaires ne sont pas oubliés et pour pouvoir leur distribuer chaque année un dividende en hausse régulière, nous devons donner priorité à la croissance du chiffre d’affaires et au développement de la société.

Quelles sont vos perspectives pour cette année et à plus long terme ?

Pour des raisons conjoncturelles et de faiblesse attendue des récoltes dans le vin, nous sommes prudents et avons préféré revoir en baisse nos ambitions en ramenant notre objectif de chiffre d’affaires de 300 à 285 millions et de résultat opérationnel courant de 50 à 47 millions. Dans le whisky, également le démarrage plus tardif de notre huitième site de production représente un handicap. En revanche, nos ambitions à plus long terme n’ont pas changé et visent un volume de 350 millions assorti d’un résultat opérationnel courant de 70 millions.

Que vous inspire le projet de retrait de la cote de votre concurrent Oeneo ? Quels sont les atouts d’une cotation en Bourse pour TFF ?

Je ne connais pas les motivations de la famille Heriard Dubreuil concernant Oeneo, par contre TFF retire à la fois une notoriété et une motivation de sa cotation en Bourse. Et nous n’envisageons pas un retrait. Notre introduction sur le marché en 1999 visait initialement à faciliter la sortie de nos partenaires financiers qui étaient à l’époque Société Générale et Crédit Agricole Indosuez. La réduction des taux d’intérêt nous a permis de nous développer par le levier de la dette sans solliciter nos actionnaires mais la Bourse demeure un vecteur de communication très important pour TFF Group.

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