S'abonner

Logo decisionbourse.fr

Se connecter

Alain Falc, président de Bigben : « la décote de holding est excessive »

Dans un entretien accordé à la Lettre de la Bourse, Alain Falc, président de Bigben, commente l’actualité brûlante du groupe diversifié dans les jeux vidéo et les accessoires. L’occasion de détailler les perspectives de Nacon, la filiale dédiée au gaming récemment introduite en Bourse, et de revenir sur l’évolution divergente des deux valeurs sur le marché parisien.

Quel bilan tirez-vous de l’exercice 2019-2020 ?

Alain Falc : Ce fut une année complexe. Parmi les satisfactions, je retiendrais surtout le succès de l’introduction en Bourse de notre nouvelle filiale Nacon, réalisée juste avant l’hécatombe des marchés. Cette opération a permis de lever les fonds nécessaires au développement de ce pure player du gaming. Nacon termine d’ailleurs l’année avec une rentabilité supérieure aux prévisions : à partir d’un chiffre d’affaires de 129,4 millions d’euros, en hausse de 14,4%, la marge opérationnelle courante a grimpé de 6,4 points pour atteindre 17,5%, contre 16% initialement anticipé. Il est vrai que la pandémie de Covid-19 a eu, sur les quinze derniers jours de mars, un effet positif de 2 millions d’euros sur le résultat opérationnel de Nacon, sur fond d’explosion des ventes digitales. De quoi compenser largement le manque à gagner dans les accessoires, évalué à 1 million. Pour le reste, la crise sanitaire a lourdement pesé sur le pôle Audio/Telco de Bigben, lequel regroupe les accessoires pour la téléphonie et les produits audio. L’impact négatif pour cette branche a atteint 7-8 millions sur la dernière quinzaine de 2019-2020. Cela explique la relative stagnation de nos résultats consolidés.

Quelles tendances observez-vous sur les premières semaines de l’exercice en cours ?

A.F. : L’orientation de nos revenus reste très contrastée. Alors que, dans le pôle Gaming, les ventes d’accessoires ont repris à un rythme presque normal dès le mois d’avril, portées par les performances dans la grande distribution, et que le mois de mai a été encore meilleur avec la reprise dans les magasins spécialisés, le pôle Audio/Telco a enregistré une chute d’activité de 80% en avril et d’environ 45% en mai par rapport à il y a un an. Cela s’explique par un phénomène de déstockage chez nos clients. Faute de visibilité suffisante à ce stade, nous avons opté pour différer l’annonce des prévisions annuelles de Bigben à l’automne prochain. Nous sommes prudents, quand bien même des vents porteurs soufflent sur le Gaming. La crise va engendrer une recrudescence du chômage et peser sur le moral des ménages. En bonne logique, la consommation s’en ressentira.

Quels sont les jeux qui tirent les ventes digitales de Nacon en ce moment ?

A.F. : Tous les jeux de notre catalogue se vendent bien, qu’ils soient récents ou anciens. Sur Tennis World Tour, qui date pourtant d’il y a deux ans, nous avons enregistré récemment un pic de ventes. C’est lié au fait que le tournoi ATP Mutua Madrid s’est déroulé cette année de manière virtuelle sur notre plateforme. Grâce à cela, nous avons écoulé 50.000 unités de Tennis World Tour en quelques jours. Plus globalement, le boom des jeux digitaux se poursuit, ce qui augure favorablement des perspectives de Nacon pour 2020-2021. Avec les mesures de confinement édictées par les différents gouvernements, les téléchargements de nos jeux ont multiplié par deux et demi. Et le rythme ne faiblit pas depuis le déconfinement.

Tous les feux sont-ils au vert pour cette filiale ?

A.F. : Absolument. Pour l’exercice qui débute, Nacon anticipe un chiffre d’affaires compris entre 140 et 150 millions d’euros assorti d’une marge opérationnelle courante de l’ordre de 18%. Malgré une légère perte de productivité dans nos studios de développement – ils fonctionnent à 90% de leurs capacités –, nous sommes confiants sur notre line-up. Sur les 13 lancements programmés, seul Vampyr est susceptible d’être décalé sur l’exercice suivant, compte tenu d’une commercialisation prévue en mars. Pour l’instant, nous sommes en phase avec son calendrier prévisionnel. Parmi les gros lancements sur lesquels nous avons déjà communiqués, nos deux jeux de cyclisme Pro Cycling Manager et Tour de France vont profiter d’un été favorable, en raison du décalage de la grande boucle sur le mois d’août et grâce à un tournoi e-sports organisé en juillet.

Quid des perspectives des prochaines années pour le Gaming ?

A.F. : A moyen et long terme, nos ambitions de développement restent intactes dans le Gaming, et ce grâce à la qualité de nos franchises, aux investissements que nous réalisons pour étoffer notre catalogue de jeux ainsi qu’à l’avènement du cloud gaming et au déploiement des modèles d’affaire GaaS (Game as a Service) qui accroîtront la durée d’exploitation des jeux et généreront des revenus récurrents. En 2022-2023, Nacon devrait atteindre un chiffre d’affaires compris entre 180 et 200 millions d’euros, pour un taux de résultat opérationnel courante supérieur à 20%.

Quelles sont les mesures prises pour atténuer l’impact de la crise au sein de Bigben ?

A.F. : Dans le pôle Audio/Telco, nous avons eu recours au chômage partiel et demandé un prêt garanti par l’Etat. Nous gérons nos charges au plus juste. Heureusement, nous aurons cette année mécaniquement une économie de près de 2 millions d’euros consécutives à l’annulation des salons où nous avons l’habitude d’être présents, compensé en partie par une augmentation des investissements en marketing digital. Les difficultés devraient surtout se concentrer sur le 1er semestre. Sur la deuxième partie de l’année, nous bénéficierons du lancement d’une nouvelle gamme éco-responsable, incluant des protections d’écran anti-bactériennes. Par ailleurs, les fabricants de mobiles vont sortir massivement des téléphones compatibles 5G cet été, ce qui lèvera le principal frein que nous rencontrons actuellement pour les accessoires mobiles. Enfin, nous allons tirer parti de notre gamme de produits sanitaires incluant un stérilisateur UV pour smartphones et écouteurs sans fil. Nous avons déjà réalisé 1 million d’euros avec ces produits. Et ce n’est que le début.

Pourquoi avoir supprimé le dividende de Bigben ?

A.F. : Pour des raisons éthiques. Alors que nous avons sollicité l’aide de l’Etat pendant la période d’urgence sanitaire, il aurait été malvenu de récompenser nos actionnaires. C’est une question de responsabilité sociétale. Cela ne remet nullement en cause notre politique de distribution, qui reprendra vraisemblablement dès l’an prochain avec le versement (comme à notre habitude) d’une trentaine de pourcents de notre bénéfice net. Après 2021, nous aurons d’ailleurs la possibilité, sans pénalisation fiscale, de distribuer le dividende non pas seulement en numéraire mais aussi sous forme d’actions Nacon.

Depuis l’introduction de Nacon, le marché inflige une décote de holding à Bigben…

A.F. : Elle me semble très excessive. Bigben vaut aujourd’hui moins que la participation détenue dans Nacon (76 ,7% du capital). Le différentiel est même d’environ 80 millions d’euros. Corollaire de cette situation, le marché attribue une valeur négative aux activités historiques de Bigben dans l’audio et la téléphonie, alors même qu’elles restent bénéficiaires et vont être boostées par l’innovation.

Conseils sur Bigben

Tous les conseils
Bigben pixabay.com

Bigben, l’année du rebond ?

L’éditeur de jeux vidéo retrouve des couleurs en bourse après avoir fortement déçu en 2022 en raison du décalage des lancements de jeux. Le dossier apparait faiblement valorisé mais les investisseurs ont du mal à lui accorder à nouveau leur confiance.

Bigben pixabay.com

Bigben, un titre sous-évalué à tout point de vue

L’action de cet éditeur de jeux vidéos et distributeur d’accessoires a été excessivement sanctionnée alors que le groupe va renouer avec une forte croissance de ses ventes et de ses profits sur son exercice 2022-2023. Le titre commence aussi à procurer un bon rendement.

Bigben arbitré en faveur de sa filiale Nacon

En introduisant son entité dédiée au gaming (édition de jeux vidéo et accessoires), le groupe présidé par Alain Falc a réalisé un joli coup. Mais l’opération est à double tranchant pour Bigben, dans la mesure où il subit à présent une décote de holding.

Bigben pixabay.com

Bigben : une déception à relativiser

La contreperformance des activités mobiles au troisième trimestre a servi de prétexte à des prises de bénéfices appuyées. Le principal catalyseur du dossier reste malgré tout le pôle gaming qui se porte bien et va bientôt s’introduire en bourse.

// ADS SECTION