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Entretien avec Pierre Cesarini, PDG de Claranova : « L’entrée dans notre capital de deux fonds anglo-saxons doit permettre d’alimenter un cercle vertueux »

Claranova entame une nouvelle phase de son développement avec l’entrée dans son capital de deux fonds d’investissement anglo-saxons. Pierre Cesarini, le Président directeur général de cette société spécialisée dans l’édition de logiciels et l’impression digitale (de photos ou de cadeaux personnalisés) via Internet ou les mobiles nous explique les modalités et l’intérêt de l’opération. Il nous dévoile également les perspectives de développement de son groupe.

Pouvez-vous nous présenter l’opération qui vise à faire entrer deux nouveaux actionnaires dans votre tour de table ?

Pierre Cesarini : Il existe une dichotomie forte entre notre activité, qui se porte bien, et la valorisation de la société, qui me semble sous-estimée. Cette situation tient en partie à la structure capitalistique particulière de Claranova dont le capital est éclaté, avec un flottant de plus de 85%. Cette situation est aussi liée à l’histoire de la société que j’ai reprise au bord de la faillite. Nous avons démarré une nouvelle activité il y a environ cinq ans, – l’impression de photos prises avec un mobile -, comme une start-up avec uniquement 10 millions d’euros d’investissements. La société a depuis lors grandi, – cette activité génère près de 400 millions de dollars de chiffre d’affaires et est rentable -, mais aucun investisseur institutionnel français n’est venu accompagner notre développement.

Claranova est une société résolument anglo-saxonne dont plus de 60% du chiffre d’affaires est réalisé aux Etats-Unis, qui possède trois métiers et dont le modèle est essentiellement B to C. Autant d’éléments qui entrent moins dans les critères d’investissement des fonds français en quête de « pure players ». Nous avons entrepris de rechercher des investisseurs anglo-saxons plus à même à comprendre nos métiers et à investir dans notre croissance. Ce travail a requis près d’un an. Heights Capital Management et Ophir Asset Management ont réalisé pendant six mois des travaux de due diligence avant de décider d’entrer dans notre capital. Ce sont des investisseurs qui interviennent dans des opérations de private equity ou qui accompagnent des sociétés cotées à fort potentiel de croissance.

Leur entrée au capital de Claranova doit permettre d’alimenter un cercle vertueux, de stabiliser notre capital, de lui donner une nouvelle dynamique, mais aussi de soutenir notre développement à long terme. L’opération consiste en une augmentation de capital de 15 millions d’euros, et en une émission d’obligations convertibles de 50 millions d’euros à un prix de conversion de 13 euros, soit presque deux fois la valeur du cours actuel.

A quoi serviront les fonds collectés ?

P. C. : Le produit de l’opération nous permettra de racheter les intérêts minoritaires d’Avanquest qui regroupe notre pôle d’édition de logiciels, positionné sur trois segments : PDF, Photo et sécurité informatique. Nous avons acquis trois sociétés canadiennes en 2018 (SodaPDF, Adaware et Upclick) pour lesquelles la transaction donnait droit aux vendeurs à une quote-part d’Avanquest. C’est cette participation que nous allons acquérir. Ces trois sociétés étaient déjà consolidées à 100% dans nos comptes. L’’opération va nous permettre de remonter la totalité des bénéfices dégagés par le pôle. Elle n’entrainera pas de changement structurel du périmètre puisque nous avions déjà la direction opérationnelle de ce pôle.

Comment s’est passé le quatrième trimestre de l’exercice 2020/2021 (clos le 30 juin) pour Claranova ? Et plus globalement, l’ensemble de l’exercice ?

P. C. : La croissance de notre activité s’est élevée à plus de 20% au cours de l’exercice 2020/2021 à taux de change constants. Un niveau confortable, même si, en raison d’une masse critique plus importante, il se révèle moindre que lors des exercices précédents. Nous avons concentré nos efforts sur la profitabilité, ce qui devrait se traduire par un quasi-doublement du résultat opérationnel sur ce dernier exercice. Les investisseurs nous ont souvent reproché de générer trop de croissance et pas assez de profits. Nous en avons pris acte.

Nous avons enregistré au quatrième trimestre un chiffre d’affaires stable. Ce résultat s’explique par un effet de base défavorable en raison du déconfinement. Notre activité avait été boostée l’an dernier à la même époque – période allant d’avril à juin -, par les premières restrictions de déplacement. Les gens étaient confinés chez eux, allaient sur internet et faisaient leurs achats en ligne. Nous avons bénéficié par la même occasion de coûts d’acquisition faibles durant cette période de confinement strict.

La réduction de vos dépenses de marketing n’auront-elles pas un impact sur l’activité de votre division PlanetArt (dédiée à l’impression digitale de photos ou de cadeaux personnalisés via Internet ou les mobiles) ?

P. C. : Effectivement, moins de dépenses de marketing signifient moins de nouveaux clients, mais aussi plus de profits. Il s’agit d’un choix stratégique assumé. Nous essayons de combiner le meilleur équilibre possible entre les deux options, la croissance d’un côté, la rentabilité de l’autre. La réduction des investissements marketing avait été incitée en 2020 par les contraintes logistiques rencontrées durant les fêtes de fin d’année. Nos partenaires pour la distribution de nos produits, comme Fedex, étaient dans l’incapacité de livrer les clients en raison de la pandémie.

Le potentiel de nos marchés reste fort, et nous essayons de faire preuve de pragmatisme et d’opportunisme en nous adaptant à la situation et en recherchant le meilleur équilibre.

Maintenez-vous vos prévisions à l’horizon 2023 ?

P. C. : Nos prévisions à moyen terme sont maintenues. Nous visons toujours un chiffre d’affaires de 700 millions d’euros assorti d’une marge opérationnelle de plus de 10%. Cette progression des résultats proviendra de la combinaison entre croissance organique et acquisitions.

De nouvelles acquisitions sont-elles à l’étude ? Dans quels domaines ?

P. C. : Nous sommes toujours en train de regarder des dossiers d’acquisition sachant que nous avons procédé à une dizaine d’opérations depuis trois ans. Mais la faible valorisation du groupe constitue une contrainte, nous empêchant de payer une potentielle acquisition d’envergure en papier. En conséquence, nous devons concentrer nos recherches sur des sociétés peu chères, qui nécessitent un gros travail de restructuration, ce qui nous amène à nous montrer très sélectifs.

Mais plus la société grandit, plus elle accroît sa capacité à financer des opérations de plus grande taille. L’entrée dans notre capital de partenaires avec une vision à long terme devrait aussi nous aider dans ce domaine. Nous cherchons à grandir dans nos trois secteurs d’activité, l’e-commerce personnalisé, les logiciels B2Cet l’internet des objets. Nous possédons une vision claire de ce que l’on veut construire.

Votre division IoT reste confidentielle. Comment l’expliquez-vous ?

P. C. : Il n’y a pas de marché aujourd’hui. L’IoT correspond à la quatrième révolution structurelle du siècle après l’informatique, Internet, et le téléphone mobile, qui va transformer nos vies. De plus en plus d’objets communiquent entre eux. Mais cette nouvelle technologie nécessite des schémas technologiques complexes, de nouvelles infrastructures, etc, et elle n’est pas incarnée par un fabricant, comme Apple pour l’informatique. Internet a mis 40 ans avant de s’imposer dans nos vies, l’IoT nécessitera également du temps, 5 ans, 10 ans, pour devenir incontournable. Elle changera notre façon de vivre à une échelle supérieure à celles des trois autres technologies parce qu’elle touchera tous les objets. N’importe lequel sera communicant demain.

La chaine de valeur est complexe, elle nécessite du temps pour être mise en place. Mais tous les grands acteurs technologiques investissent dans ce domaine.

Le basculement de votre division d’édition de logiciels vers un modèle d’abonnement se traduit-elle par une meilleure rentabilité ?

P. C. : Le modèle SaaS de distribution des logiciels est désormais bien maîtrisé. Il permet de créer une inertie et une récurrence dans nos revenus. Le secteur de l’édition de logiciels est en croissance à deux chiffres. Tout en réalisant la mutation de notre modèle économique vers un modèle de ventes par abonnement, nous avons réussi à préserver la croissance et la rentabilité de la division qui devrait dégager une marge opérationnelle de 20% à terme. Nous avons ainsi bouclé la boucle de notre transformation. Dès cette année, la division dégagera plus de profits, les coûts d’acquisition des clients étant supportés au départ.

Comment les marchés vous perçoivent-ils désormais ?

P. C. : Le titre est stable depuis deux ans. Notre problématique principale est liée à la structure du capital. Nous espérons avoir cassé ce cercle vicieux avec notre récente opération capitalistique. Les acteurs qui évoluent sur un seul secteur sont aussi plus faciles à comprendre et à évaluer, alors que Claranova couvre un spectre de métiers large. Nos trois activités sont séparées et structurées de manière indépendante en termes de clients et de dynamique. Elles peuvent être potentiellement introduites en Bourse séparément. C’est une possibilité afin de créer de la valeur de manière la plus pragmatique possible. Sachant que les comparables pour chaque entité, – des éditeurs de logiciels, des sociétés d’e-commerce personnalisé -, se traitent sur des niveaux de valorisation supérieurs à ceux de Claranova.

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