Saint-Gobain : encore du grain à moudre
Redécouvert l’an dernier par les investisseurs, le géant des matériaux de construction a encore fort à faire pour convaincre une communauté financière globalement sceptique sur le modèle intégré du groupe. L’optimisation des coûts et l’évolution du périmètre constituent deux catalyseurs majeurs pour renverser la vapeur.
Saint-Gobain figure parmi les valeurs mal-aimées de l’indice CAC40. Les années se suivent et se ressemblent pour le titre sans jamais aboutir à un engouement des investisseurs pour le dossier, loin de là. Un léger mieux a toutefois été constaté en 2019. Sur l’année écoulée, le champion français des matériaux de construction, présent aussi bien dans la distribution que dans la fabrication, a repris une vingtaine de pourcents sur la place parisienne. L’ostracisme dont l’action était l’objet s’est largement atténué. Ou, dit autrement, les analystes observent désormais avec une certaine bienveillance les réalisations du groupe. Qu’est-ce qui a changé ? Essentiellement la perception de la stratégie. La transformation s’est accélérée, ce qui n’est pas passé inaperçu. Le groupe a atteint en avance sur son planning initial son objectif de 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires cédés. Les ventes ont porté sur des filiales et activités insuffisamment performantes. En parallèle, le groupe présidé par Pierre-André de Chalendar a effectué quelques emplettes ciblées, de façon à renforcer son maillage ou ses savoir-faire.
Dans le secteur, Saint-Gobain est l’un des rares acteurs offrant des caractéristiques « Value »
Ces arbitrages contribuent à améliorer le profil de croissance et de rentabilité du groupe. Mais ils ne règlent pas pour autant les problèmes de fond. Saint-Gobain reste en effet composé d’entités disparates ou du moins offrant peu de complémentarités entre elles. Les matériaux haute performance et la distribution de produits pour l’habitat ne génèrent pas de synergies majeures. Seul point commun : le positionnement sur la thématique porteuse de la transition énergétique, dont le groupe est un acteur important. Dans ces conditions, difficile d’imaginer que Saint-Gobain va en rester là. Peu à peu, les tabous sur le périmètre sont levés et on ne serait pas surpris de voir le groupe prendre d’autres mesures radicales comme la cession de Lapyere ou la vente de sa participation dans le suisse Sika dans le courant de l’année. Pour réaliser cette dernière opération, Saint-Gobain va devoir attendre le 11 mai, date à laquelle son engagement de conservation des titres expirera. Sur le marché, le bloc de 10,75% du capital de Sika détenu par le français pèse tout de même 2,75 milliards d’euros, ce qui n’est pas rien. En l’absence de cible identifié pour réinvestir cette somme, le programme de rachat d’actions pourrait être amplifié et le dividende augmenté. Cela engendrerait mécaniquement un nouvel élan pour le titre, sachant que Saint-Gobain est considéré comme l’une des dernières grandes capitalisations du secteur à la dimension « Value » affirmée. Sur la base des projections des analystes pour 2020, le dossier se traite sur un multiple de 9,9 fois les bénéfices. Cela laisse de la place pour une poursuite de la séquence de rattrapage initiée il y a un an. D’autant que les économies de coûts alimentent la progression des résultats.
Notre conseil : la transformation du profil prend de l’ampleur, sans que cela ne se traduise encore par une hausse des multiples de valorisation. Achetez Saint-Gobain vers 34 euros pour miser sur un retour à 40 euros dans les 18 prochains mois. Code Isin : FR0000125007.
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