Bonjour, quelle est votre position sur l’introduction de WAGA ENERGY & FORSEE POWER ? Merci
Vous trouverez ci-dessous les deux articles consacrés à ces introductions en bourse:
Waga Energy, une valeur verte pour jouer le potentiel du biométhane
L’introduction en bourse de ce producteur de biométhane à partir du gaz issu de décharges doit s’achever le 25 octobre prochain. Le montant levé doit lui permettre de financer son développement ambitieux. Il a mis au point une technologie de rupture, qui est déjà opérationnelle et qui lui ouvre de belles perspectives.
La cote parisienne devrait compter une nouvelle valeur « verte » en son sein. Créé en 2015 par trois ingénieurs issus d’Air Liquide, Waga Energy produit du biométhane à partir du gaz issu des décharges de déchets. En se dégradant, les déchets stockés dans les sites d’enfouissement (qui contiennent des matières organiques) produisent un mélange gazeux complexe (comprenant de l’azote, du CO2, de l’oxygène et du méthane) qui est la plupart du temps inutilisé ou brûlé dans des torchères (voire plus rarement dans des centrales pour produire de l’électricité). Pour éviter ce gaspillage, le groupe a mis au point une technologie de rupture (appelée Wagabox) qui permet de valoriser ce gaz en le transformant en biométhane, soit un substitut renouvelable du gaz naturel fossile. Le biométhane produit est ensuite incorporé dans les réseaux de gaz et sert à de multiples usages : chauffage, transport, industrie, …
Le modèle économique de Waga Energy est celui d’un développeur-investisseur-exploitant. Il achète le gaz brut aux exploitants des sites de stockage des déchets (des groupes industriels comme Suez, Veolia, … ou des collectivités), finance et construit les unités Wagabox (situées à proximité des décharges et occupant la place de deux terrains de basket), puis les exploite en revendant le biométhane aux énergéticiens dans le cadre de contrats à long terme (de 10 à 20 ans). Le financement de chaque projet Wagabox se fait au travers d’une société dédiée, sur fonds propres (pour 20% environ) et par recours à la dette (pour le solde). Selon la taille de l’unité, qui dépend de la quantité de gaz émise par les décharges, la rentabilité opérationnelle brute oscille entre 30 et 50%. Le groupe exploite déjà dix unités en France, représentant une capacité maximale installée de 225 GWh/an et alimentant environ 35.000 foyers. Dix nouvelles unités sont en cours de construction, dont une en Espagne et deux au Canada, ce qui portera la capacité maximale installée à 475 GWh/an d’ici à dix-huit mois. Sur cette base, le chiffre d’affaires a atteint 5,2 millions au premier semestre, et le résultat net s’inscrivait en perte de 1,9 million.
Une technologie disruptive
L’objectif du groupe est d’exploiter 100 unités d’ici à fin 2026, générant 200 millions d’euros de chiffre d’affaires, pour une capacité de production de 4 TWh. L’objectif de l’introduction en bourse est de soutenir ce développement. L’opération consiste en une augmentation de capital de 87 millions d’euros qui pourrait être portée à environ 100 millions en cas d’exercice intégral de la clause d’extension. Elle a déjà été souscrite pour un montant de 44,9 millions d’euros par des investisseurs financiers (dont notamment la banque suédoise Handelsbanken) et par des acteurs du secteur (comme la société de trading d’énergie Vitol, ou l’armateur CMA CGM) dans le cadre de protocoles d’accords stratégiques. Il s’agit d’une offre à prix ouvert. La fourchette de prix se situe entre 19,26 et 23,54 euros. La période souscription a débuté le 14 octobre et doit s’achever le 25 octobre pour une première cotation le 27 octobre.
Sur la base d’un prix situé en bas de la fourchette, soit 19,26 euros, la valorisation de la société ressort à 357 millions d’euros (sans prendre en compte les clauses d’extension). Ce qui peut paraitre élevé pour un groupe qui ne dégage pas encore de bénéfices. Mais le dossier n’en parait pas moins séduisant à plusieurs titres. Waga Energy développe une technologie disruptive, qui est déjà opérationnelle. La production de biométhane à partir du gaz issu des sites d’enfouissement permet de réduire les émissions de méthane, sachant qu’il s’agit du deuxième contributeur au changement climatique, et contribue à la transition énergétique en remplaçant les énergies fossiles dans de nombreux domaines (transport, …). De quoi séduire les investisseurs ISR. Elle renforce de surcroit l’indépendance énergétique des pays, D’autre part, la matière première existe à profusion : il existe plus de 20000 sites de stockage de déchets dans le monde, dont 4.200 en Europe et en Amérique du Nord, les deux zones ciblées par la société. La présence d’Air Liquide dans le capital, avec une participation de 14% à l’issue de l’opération, est de nature à rassurer les investisseurs. Enfin, une fois installées, les unités Wagabox, – qui fonctionnent en continu, sont produites de manière standard et dont le pilotage est assuré à distance -, dégagent des revenus récurrents, ce qui offrira à terme une belle visibilité. Nous pensons dans ce contexte que Waga Energy, qui n’a pas de concurrent direct, mérite que l’on s’y intéresse et que l’on fasse preuve de patience. C’est pourquoi nous recommandons de souscrire à l’opération dans une optique de moyen-long terme.
Notre conseil : Souscrire une petite ligne dans une optique de moyen-long terme à l’introduction de Waga Energy. Code Isin : FR0012532810.
Faut-il souscrire à l’introduction en bourse de Forsee Power?
Positionné depuis 2011 sur la batterie électrique complexe à haute valeur ajoutée pour le secteur de la mobilité légère et lourde, ce petit acteur fait appel au marché pour financer l’accélération de sa croissance et devenir rentable. Sa cotation est prévue pour démarrer le 3 novembre.
Aucun temps mort sur le compartiment des introductions en Bourse. Les sociétés venant d’univers très disparates se bousculent pour essayer de séduire les investisseurs et lever de l’argent avec un succès très relatif depuis le printemps. C’est autour de Forsee Power de tenter sa chance. Fondé en 2011 par Christophe Gurtner actionnaire à hauteur de 5% du tour de table, Forsee Power conçoit et produit des batteries électriques intelligentes et complexes à forte valeur ajoutée pour les marchés de la mobilité légère (scooters, karts, tricycles) et de la mobilité lourde (bus, trains, camions, navires). Il est donc absent du secteur des voitures électriques considéré comme un segment de masse où les constructeurs travaillent eux-mêmes à l’élaboration de leur propre moyen de propulsion électrique. Doté déjà de 3 centres de recherche et développement situés à Paris, Lyon et Zhongshan en Chine et de 4 usines implantées en France, Pologne, Chine et Inde, le groupe participe à l’économie circulaire en assurant à ses batteries une seconde vie en les utilisant au stockage d’énergie associé à la production d’énergie renouvelable avant d’accompagner ses clients dans le recyclage des composants (73% actuellement). Doté d’une équipe de 500 salariés dont 160 ingénieurs, Forsee Power travaille déjà pour tous les grands noms du transport, HeuliezBus, Iveco, WhrightBus, CaetanoBus, Alstom ou Piaggio. L’essentiel de son chiffre d’affaires passé de 10 à 62 millions entre 2015 et 2020 est réalisé pour l’instant sur le segment des bus et le groupe devrait profiter d’ici l’horizon 2023 de puissants relais de croissance avec l’équipement de trains et de bateaux.
Des fonds propres négatifs de 32 millions et un endettement net de 81 millions
Forsee Power vient de signer un partenariat très prometteur avec Ballard Power Systems, le leader mondial des piles à combustible pour les véhicules moyens et lourds à hydrogène. L’objectif est de proposer le premier système de batteries et piles à combustible complètement intégré aux acteurs de la mobilité lourde (bus, camions, trains, bateaux). Signe de la confiance du groupe américain dans la technologie déployée par Forsee Power, il a accepté de participer à hauteur d’au moins 35% à l’augmentation de capital de la société française dans la limite de 40 millions d’euros. Lancée depuis hier (le 18 octobre) et jusqu’au 1er novembre à un prix compris entre 7,25 et 9,80 euros, l’opération porte sur une levée de fonds de 100 millions appelée à être utilisée dans 4 directions : 30 millions dans l’innovation et le développement de nouveaux produits, 30 millions dans le renforcement de l’outil industriel et l’ouverture d’un site aux Etats-Unis, 10 millions pour saisir des opportunités de croissance externe et le solde (30 millions) pour renflouer le bilan de la société. En fin d’année dernière, celui-ci laissait apparaître des fonds propres négatifs à hauteur de 32,4 millions et un endettement net de 81 millions. Forsee Power affiche un historique de croissance attractif avec en moyenne une progression de 44% par an de son chiffre d’affaires sur la période 2015-2020 mais sa taille n’est pas encore suffisante pour être rentable. L’an dernier, son excédent brut d’exploitation était déficitaire de 12 millions. Tout l’enjeu pour Forsee Power est de jouer sur les deux leviers de la productivité et du volume pour atteindre le point mort opérationnel à l’horizon 2023 à partir d’un chiffre d’affaires de 180 millions (contre 62 millions l’an dernier et 71 millions pour cette année). Grâce à un carnet de commandes évalué à 1 milliard, l’objectif est de viser 600 millions de facturations en 2027 et une marge brute d’exploitation d’au moins 15%. Sur la base d’un prix retenu dans le bas de la fourchette à 7,25 euros et compte tenu du nombre d’actions nouvelles, Forsee Power devrait avoir une capitalisation boursière de 385,8 millions. Ce qui est loin d’être donné au regard des perspectives certes très attractives visées par la société mais à un horizon somme toute très (trop) lointain. Raison pour laquelle nous recommandons à nos abonnés d’attendre la cotation prévue le 3 novembre avant éventuellement de se positionner sur le dossier.
Notre conseil : restez à l’écart de Forsee Power (code : FR0014005SB3).