Bonjour suite a la crise en Ukraine que pensez vous de l action rubis fortement décote et un très bon rendement merci
La décote n’a rien avoir avec la crise russe et s’explique par des problèmes internes à la société…. Voici notre dernière analyse sur le dossier…. Nous maintenons notre opinion de prudence…
Rubis, vers un nouveau départ du titre en Bourse?
Victime d’une réputation peu favorable au respect de l’environnement liée à ses métiers historiques de distribution et de stockage de produits pétroliers, Rubis accélère sa stratégie dans le développement des énergies renouvelables. Le marché apprécie mais plusieurs autres considérations de bonne gouvernance devront changer pour envisager un retour en grâce du titre.
Parmi le top 10 des plus fortes hausses de l’indice SBF120 de la première séance de bourse de l’année 2022 figure le titre Rubis. La question est de savoir si l’action de cet acteur mondial de distribution et de stockage de produits pétroliers profite d’un repositionnement d’investisseurs sur les valeurs les plus maltraitées du dernier millésime ou d’un nouveau départ lié à un changement de cap stratégique. Rappelons que ce dossier réputé auparavant auprès des boursicoteurs pour la croissance régulière de ses profits liée à de fortes barrières à l’entrée dans la distribution et le stockage de produits pétroliers sur des zones géographiques clés en Europe, Afrique et Caraïbes subit une véritable défiance. Celle-ci ne date pas de la crise sanitaire mais remonte au début du mois de mai 2018. Le titre valait à l’époque 65 euros. Il a atteint un plus bas début décembre à 24,14 euros. En cause, plusieurs griefs sont reprochés à la société. D’abord, son appartenance à un secteur de moins en moins recommandable sur un plan environnemental : celui du pétrole qui a incité de nombreuses sociétés de gestion très à cheval sur les normes ESG dans la sélection des dossiers à sortir Rubis des portefeuilles. A cela s’est ajoutée une grande confusion des investisseurs anglo-saxons classant le groupe dans le compartiment des producteurs alors qu’il n’est qu’un distributeur. Le profil de risque n’est pas le même et Rubis était valorisé auparavant avec des multiples réservés aux valeurs de croissance plus proches de 16 à 18 fois ses profits (contre moins de 10 fois aujourd’hui). Ensuite, la gouvernance de la société est également dénoncée par le marché. Sa structure juridique en commandite par action protège les gérants de Rubis de toute OPA sur la société dont pourraient profiter les actionnaires minoritaires. Un schéma que les investisseurs n’apprécient pas du tout à l’instar de Lagardère. Enfin, il existait une différence de traitement entre les gérants et les autres actionnaires au niveau de la politique de dividende. L’écart a depuis été sensiblement réduit sans que cela ne se traduise par un rebond du cours de bourse.
Faire sauter le verrou de la commandite par action
Rubis a donc choisi de redorer son image auprès du marché en verdissant l’énergie qu’elle distribue. Cela risque de prendre du temps à la fois parce que l’on ne remplace pas l’utilisation du pétrole aussi facilement surtout dans des zones en développement comme l’Afrique ou les Caraïbes et parce qu’il convient d’investir à bon escient dans les projets d’énergies renouvelables convoités par tous les acteurs du secteur énergétique. Une première initiative a été l’entrée au tour de table d’Hydrogène de France au moment de l’introduction en bourse de ce producteur d’électricité à partir d’énergie éolienne ou solaire avec un droit de priorité pour investir directement dans les projets conduits par la société. Mais visiblement, Rubis a considéré que les effets de cette transformation seraient trop longs à se matérialiser dans ses comptes. Il a donc choisi en fin d’année dernière de s’intéresser à un leader indépendant français de la production d’électricité renouvelable. Il s’agit de Photosol déjà bien établi avec une capacité installée de 313 mégawatts, une puissance de 101 mégawatts en cours de construction et de fortes ambitions puisqu’il vise 1 gigawatts de puissance installée en 2025 et 2,5 gigawatts à l’horizon 2030. Rubis rachète 80% de Photosol sur la base d’une valeur d’entreprise de 770 millions reflétant un ratio élevé de 30 fois l’excédent brut d’exploitation. Celui-ci est attendu à 25 millions cette année mais avec de très fortes perspectives de croissance de 40% par an d’ici 2025 dans le sillage de la montée en puissance de la société. Doté d’un bilan très sain avec en fin d’année dernière un endettement net estimé de 511 millions pour des fonds propres de 2,57 milliards, Rubis a largement les moyens de financer cette opération et de saisir de nouvelles opportunités.
Noté B sur une échelle de A à D (D étant la plus mauvaise) par l’organisme international indépendant, CDP, réputé pour détenir la plus grande base de données mondiales sur les questions environnementales, Rubis ne pourra pas uniquement capitaliser sur la distribution d’une énergie plus propre pour espérer reconquérir les investisseurs. Il devra également faire évoluer sa gouvernance en faisant sauter le verrou de la commandite. Reste à savoir si les gérants sont prêts à franchir le pas. Ils pourront s’inspirer de l’effet sur le cours de bourse de Lagardère qui a doublé.
Nos abonnés les plus audacieux pourront revenir sur le dossier autour de 26,50 euros.
Notre conseil : achetez Rubis à 26,50 euros pour viser un objectif de cours de 35 euros (code : FR0013269123)